Petit Roman Quantique
de Maryline Durand
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Avant-propos
L’auteur
se permet d’avertir les lecteurs et les éditeurs que toutes les
informations historiques sur la civilisation celtique sont véridiques
même si elles peuvent sembler fantaisistes voire farfelues.
Elles
sont tirées de l’ouvrage de Jean-Louis Bruneaux:« Les
religions celtiques: rituels celtiques de la Gaule Indépendante »
En
particulier l’épisode invraisemblable où une tribu gauloise
entière s’est noyée en voulant combattre la mer; ou encore ces
mœurs qui peuvent nous apparaître ridicules d’insulter son
adversaire avant le combat.
La
place du Verbe, sachez-le, possédait une valeur sacrée d’invocation
divine, pouvoir des mots souvent méconnu aujourd’hui, pouvoir
destructeur ou créateur au choix de celui qui les profère. Le verbe
représentait déjà la grande force du peuple gaulois.
Une
éditrice peu érudite m’a reproché un jour cette « fantaisie »
prise avec l’histoire, invoquant ce prétexte pour refuser mon
texte. Je voudrai lui dire aujourd’hui que les choses les plus
incroyables ne s’inventent pas, que le monde va souvent plus loin
dans l’absurde que l’imagination la plus débridée d’un
écrivain brillant.
En
cinq ans, le titre de ce roman a changé, l’auteur aussi, le monde
encore plus et les éditeurs auxquels je m’adresse ne sont pas les
mêmes. Avec
le recul, ce texte m’est apparu plus créatif encore que dans mon
souvenir, vue l’ignorance spirituelle totale dans laquelle je me
trouvais alors.
Je
vous souhaite une bonne lecture, puisse cette romance inventée vous
inciter à vous poser quelques questions essentielles …
Maryline
Durand.
Le premier tiers de ce roman (7 chapitres) est en accès libre sur le site.
Les deux derniers tiers suivants sont disponibles par internet pour 11 euros de participation. (paypal ci-dessous et lien sur mon mail )
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11 euros pour recevoir la suite en PDF
18 euros pour recevoir la version papier * Livre Ed. ECET *
Envoyé vers le 31 janvier.
* * *
Sommaire:
1ère
partie:
Chapitre
1: Le brouillard.
Chapitre
2: Le ciel.
Chapitre
3: Le silence
Chapitre
4: L’ombre.
Chapitre
5: L’Histoire.
Chapitre
6: L’illusion.
2ème
partie:
Chapitre
7: Résonance.
Chapitre
8: Matière.
Chapitre
9: Rêve.
Chapitre
10: Sagesse.
Chapitre
11: Amour
Chapitre
12: Karma
3ème
partie:
Chapitre
13: Vibrations
Chapitre
14: Dualité
Chapitre
15: Ancrage
Chapitre
16: Unité
*
* *
Première
partie
Chapitre
premier
Le
brouillard
Un jour
incertain, indéterminé, hypothétique, elle décida de partir, pour
rien, pour partir. Elle prit son sac à main, quelques biscuits, une
pomme, son vieux cahier et elle se prépara à partir. Petit
maquillage léger, dents propres, foulard fétiche, elle était
parfaitement prête.
Prête
à partir. Sans raison. Juste pour partir.
Prête
à vivre ce jour incertain, indéterminé et hypothétique.
Pourquoi
faudrait-il toujours rester ?
Rester sur place,
immobile, figée, incrustée, enracinée... incinérée ?
Pourquoi
faudrait-il s'implanter dans un espace déterminé ?
Marquer son
territoire, répandre son odeur dans les quatre coins, creuser sa tombe assez
profonde, pour le jour où ... Un trou bien rectangulaire dans un
petit jardin carré bien propret, ratissé, émietté, désherbé.
Elle se refusait à
envisager déjà cette éventualité comme un but.
Elle ne voulait
pas être un félin qui définit l’espace privé dont il est le
souverain, ni un arbre empêtré dans ses tentacules, encore moins un
cadavre immobile et glacé pour l‘éternité.
Elle voulait
vivre. Elle voulait sentir la liberté lui éventer les cheveux. Elle
voulait éprouver ces picotements qui lui intimaient de gambader
comme une gazelle. Sectionner tous ces liens qui la retenaient à un
bout de terre ou de souvenirs. Abandonner tout ce que édifiait sa
vie d'aujourd'hui. Vivre les affres et les ivresses de l’Abandon.
Afin que vive ce sentiment de l’abandon, afin de le sentir et de
l’expérimenter. L’abandonner lui ? Ou être abandonnée par lui
?
Pourquoi l'abandon
serait-il un problème ?
Pourquoi l'abandon
serait-il définitif ?
Pourquoi la fin
existerait-elle ? La fin de quoi ?
Elle ne voulait
croire ni à la fin ni à l'abandon. Pourtant cette idée s’insinuait
chaque instant toujours un peu plus dans son âme, tel un voile qui
empêche la lumière de s’infiltrer.
L’abandon
de l‘enfant par sa mère dès qu‘il se permet de devenir trop
volumineux pour l‘utérus, telle une fondation. Lui, n’était pas
un enfant. L’abandon de l‘enfant par sa mère dès qu‘il se
permet de devenir trop volumineux pour l‘utérus, telle une
illusion.
Nul
n’abandonne son enfant, sans s‘amputer soi-même. Nul n'abandonne
son bras ou sa jambe. Nul n'abandonne jamais que ce qui n'est pas
soi. Elle n’avait pas d’enfant. Pas encore.
Alors elle décida
de partir. Le départ, finalement, c'est un état d'esprit, un
abandon provisoire, un visage de la liberté, un changement de
décors, un passage entre deux mondes.
Ce matin-là, elle
commença à s'entraîner à partir. Pas pour tout plaquer, pas pour
se dire qu'elle ne supportait plus la vie qu’elle menait. Elle
aimait sa vie. Elle l’aimait lui. Elle ne voulait pas fuir sa vie.
Elle ne voulait pas le fuir. Juste une pause. Une intuition.
Plutôt un mode de
vie, une manière d'appréhension du monde, une tentative
d'apprivoiser la vie, un apprentissage de l‘espace infini de
l‘univers ... Elle aurait voulu partir avec lui. Arpenter la
route, suivre un chemin, avancer, s‘élancer debout sur cette
Terre. Lui semblait figé, enraciné, fossilisé, vitrifié,
pétrifié.
Ce matin-là,
Aimée partit, sans savoir où. Elle conduisait sa vieille voiture,
une ancienne Peugeot 205 rouge, sans but. La brume enveloppait la
vallée du Petit Morin, flottait un air de forêt de Brocéliande, de
jungle camerounaise d'où pourraient surgir quelques gorilles ...
Aimée avait le coeur en fête, l’enthousiasme au bord des lèvres,
les méninges dans le brouillard, le sentiment de planer sur de
l'ouate. Une euphorie fréquente, qui ne disparaissait que pour
laisser place à une fébrilité angoissée d’où pouvaient prendre
racine quelques crises …
La voiture prit la
petite route goudronnée qui monte dans le sous-bois vers le plateau
séparant la vallée du Petit Morin de celle de la Marne. Saint-Cyr,
Bussières... Un tunnel végétal. Des deux cotés de la route, les
branches des chênes et des érables se penchent et se rejoignent
dans la canopée. Puis au détour de l’ombre protectrice, vous
surgissez en pleine lumière. La longue ascension vers le plateau
s’achève. Le soleil aveugle vos yeux acclimatés à l’ombre
verte. À perte de vue, les champs cultivés de la Brie s’étendent,
s’étirent.
Ce jour-là, le
soleil illuminait le colza et le maïs, colorant d’une joie dorée
la nature avide des derniers rayons de chaleur. Les feuilles des
arbres s’apprêtaient à s'assombrir en ce début d'automne,
mélange de vieux rouge et de vert sombre.
Aimée partait,
sans savoir où, en direction de Château-Thierry; elle savourait
cette route qui s’engouffre dans la vallée de la Marne et sillonne
les premiers coteaux de la Champagne.
Aimée avait
toujours eu des difficultés à partir. Toujours en retard. Toujours
difficile de s’arracher, de s’extirper d’un endroit chaud,
douillet, sans surprise, sans risque.
Elle mettait ce
trait casanier de sa personnalité sur le dos de sa maladie. Le
prétexte, sa maladie. SGT. Tout est la faute à Gilles, c’était
bien connu. Syndrome Gilles de Tourette. Sa vie entière avait
tourné autour de ces trois mots pendant tant d’années.
Vers quatre ans,
elle avait été qualifiée d’enfant agressive: ses parents,
c’est-ce qu’ils disaient, avaient tout essayé, les nourrices, la
douceur, la crèche, l’autorité, l’école, le chantage, la
cantine, l’isolement, les punitions, les colonies de vacances, rien
à faire, Aimée les insultait copieusement, elle hurlait, piquait
des crises, à la maison, à l’école, à la garderie, chez sa
grand-mère, ses tantes, dans les magasins, les salles d’attentes,
les parcs d’attraction, les hôpitaux, les cimetières... Aucun
moment n’était épargné.
On disait « C’est
l’âge »; mais non, l’âge passait et l’agressivité
perdurait. Puis la comparaison avec sa sœur. La présence de sa
sœur cadette âgée d’un an de moins. Sa sœur si gentille si
douce si hypocrite. Sa sœur dont la présence décuplait le nombre
et l’intensité des crises. Étrangement, personne n’avait noté
la coïncidence.
Enfin, sept ans
plus tard, elle avait été diagnostiquée. SGT. Syndrome Gilles de
Tourette. Coprolalie: « émission involontaire de mots obscènes
et vulgaires ». Soulagement, détente des parents. Ce n’était
pas de leur faute, la petite était malade. Voilà pourquoi elle les
insultait. Finie la culpabilité de leur incapacité éducative. La
pression était retombée mais le malaise s’était installé. Entre
eux. Entre Aimée et sa famille. Entre Aimée et les autres.
La maladie
persistait. À la moindre contrariété, Aimée continuait à
insulter ses proches, sa sœur, sa mère, son père, sa maîtresse,
ses camarades, les voisins, les médecins, les dentistes, les
nourrices, les dames de service, les amis. Ne faites pas attention,
elle est malade ! La famille d’Aimée n’avait plus d’amis
depuis longtemps. Ils n’étaient jamais sortis en famille. Les
parents sortaient seuls, laissant Aimée et sa sœur aux soins de la
dernière baby-sitter qui acceptait de faire insulter à prix fort.
Elles en avaient vu défiler des baby-sitter, de toutes les couleurs,
de tous les âges, de tous les styles. L’une d’elle avait résisté
plus longtemps que les autres. Normal, elle ne quittait pas son
walkman, dont elle montait le son au maximum afin de ne pas entendre
les cris, les pleurs et les insultes des deux petites.
Car Sandra, sa
sœur, jetait de l’huile sur le feu dans ces cas-là, se
réjouissant comme devant un feu d’artifice, des explosions de son
aînée. Puis un jour, au cours d’une crise particulièrement
violente, Aimée lui avait arraché son walkman et l’avait piétiné.
Les parents avaient eu honte. Mais ils étaient habitués à la
honte. Au revoir et merci. Il coûtait combien le walkman ? Tenez
voilà, je crois qu’il y a le compte.
Heureusement, dans
son isolement, Aimée lisait et relisait « Les fées »
de Charles Perrault, rêvant un jour de cracher des perles et des
diamants comme l’héroïne du conte, et craignant que ne sortent de
sa bouche, aux cotés des insultes, des vipères et des crapauds.
Au
cours de l’adolescence, les médecins la droguèrent, afin qu‘elle
cesse de d‘agiter et d‘attaquer. Assurément, la petite était
devenue calme, presque un légume, une courgette, une citrouille ou
une coloquinte parfois avec des pustule selon la période des
menstruations… Un cucurbitacée à l‘évidence ! Elle avait
grossi à cette époque. Elle avait enflé telle une courge trop mure
dans un pays humide. Tandis qu’Aimée s’étalait dans l’espace
physique autour de son propre corps, sa sœur avait insidieusement
empiété sur le territoire spatial domestique en toute tranquillité:
la maison de ses parents, désormais, regorgeait d’individus, tous
plus « corrects « les uns que les autres, des clones de
l’univers aseptisé de cette sœur si différente. La maison des
parents, ou la maison de la petite sœur ? On ne savait plus très
bien. Peu importe, on lui pardonnait tout à la petite sœur ! La
pauvre, elle avait tellement souffert pendant l’enfance à cause de
cette sœur aînée atteinte du SGT ! Sauf que tout le monde ignorait
que la perfide Sandra pourrissait la vie de son aînée depuis
toujours. D’un naturel mielleux et manipulateur, la petite Sandra
avait toujours cherché à vampiriser sa sœur, subtilisant les
affaires d’Aimée, la copiant évidemment pour mieux la surpasser,
l’attaquant en cachette, et présentant un visage d’ange innocent
devant les adultes. Pendant plusieurs années, Aimée, droite et
franche, n’avait pas su se défendre, inhibée, désarmée par les
mensonges. Elle acceptait les brimades et les hypocrisies de sa sœur
placidement. Elle prenait sur elle avant même de savoir parler.
Mais peu à peu
elle avait constaté que sa petite sœur était la préférée,
toujours bien vue, tellement gentille. Seule Aimée était punie,
rabaissée, stigmatisée. Normal, en tant qu’aînée. Quand les
premières crises apparurent, à l’entrée à l’école
maternelle, cette distribution des rôles s’accentua. Aimée
méchante, difficile, indomptable; Sandra normale, sociable,
intégrée, tellement facile à élever. Schéma puéril qui
persistait au-delà des années.
La violence
soudaine et extrême des crises terrifiait tous ceux qui
l‘approchaient. Aucun signe avant coureur. La petite semblait
tranquille, on entendait les mouches voler et les oiseaux gazouiller,
puis subitement les cris, les insultes, les coups, les crachats, les
objets projetés, l’automutilation : elle découpait ses vêtements,
s‘enfonçait des aiguilles dans les mains, se cognait la tête sur
les murs, quand elle ne s’en prenait pas aux autres !
Vers six ans, la
confusion s’empara de ses discours pendant les crises, on
comprenait de moins en moins ce qu’elle disait, il semblait qu’elle
avait inventé un langage. Des insultes évidemment, vu le ton et les
grimaces qui accompagnaient ce qu’elle proférait. Pourtant, Aimée
comprenait ce qui lui sortait de la bouche, une langue précise,
éloquente, expressive … qu’elle seule connaissait !
Très vite, Aimée
se sentit en territoire ennemi avec sa famille. Ses parents devinrent
des étrangers, à moins qu’ils ne furent jamais autre chose, elle
n’en avait aucun souvenir. A la fin de l’adolescence, elle avait
cessé de grossir. En réalité, elle se goinfrait toujours autant,
mais elle avait appris à se faire vomir en cas d’excès. Avec une
petite cuillère qu’elle s’enfonçait au fond de la gorge. Un
jour, elle avait failli l’avaler. Elle l’avait à moitié avalé,
la cuillère était restée coincée, on l’avait transporté à
l’hôpital, ils avaient repêché la petite cuillère, ils
croyaient qu’elle voulait se suicider, à la petite cuillère !
Mais non, elle n’avait jamais voulu se suicider, elle ne supportait
pas le sang. Ni la mort propre d’ailleurs. Elle leur avait dit,
mais tous la regardait avec effarement.
Puis ils avaient
découvert le pot aux roses, elle se faisait vomir, c’est ce qui
la dérangeait le plus. Son secret de beauté, son intimité. Elle
avait honte comme s’ils l’avait surprise en train de se
masturber. Mais Aimée ne se masturbait pas, elle n’avait même pas
idée de l’existence d’une telle pratique, Aimée se faisait
vomir. En plus, comble du malaise, ils avaient prévenu les parents.
L’histoire avait eu lieu au lycée, les parents étaient tombés
des nues évidemment, comme d’habitude. Ils n’avaient rien
remarqué, ils ne la voyaient pas. Il faut dire qu’Aimée savait
vomir en silence, la nuit quand tout le monde dormait, ou en faisant
couler le bain pour étouffer les sons.
À la suite de
l’incident, ils l’avaient envoyé dans une clinique spécialisée
pour adolescents. Elle avait repris goût et espoir en la vie. Pour
une fois que les parents avaient eu une bonne idée. Elle avait
appris à leur en vouloir à eux, ses parents, à cesser de
culpabiliser, à se détacher de leur emprise et de leur avis. Elle
avait appris à faire des projets et à prendre des décisions pour
elle-même et non seulement contre eux ou pour eux. Ainsi, en dépit
de leurs conseils et des aléas de sa maladie, elle s’était
orientée vers des études de tourisme.
Aimée avait un
physique très décoratif maintenant qu’elle était mince,
c’est-à-dire depuis qu’elle avait commencé à se faire vomir.
Elle avait maigri, elle avait retrouvé un physique assorti à ses
dix-huit ans, bref elle était belle. Elle avait eu l’idée de se
faire vomir en lisant un magazine. Puisque sa goinfrerie était
irrépressible. Un article sur les boulimiques, on y parlait de la
caste très spéciale de « celles qui se faisaient vomir ».
L’élite des boulimiques finalement, celles qui parvenaient à se
passer de l’épaisseur de graisse protectrice qui les coupaient du
monde.
Aimée estimait
qu’elle s’améliorait puisqu’elle avait désormais le courage
d’ affronter le monde sans ces kilos derrière lesquels elle
cachait ses formes auparavant. Et puis le courage de vivre
quotidiennement cette souffrance de l’action de vomir. Désormais,
après le plaisir de la goinfrerie éperdue, il suffisait de se vider
dans les toilettes en fourrant deux doigts au fond de la gorge. Il
lui arrivait même de se remplir deux fois d’affilée d’aliments
tous plus gras et plus sucrés les uns que les autres et d’aller
les rendre à un quart d’heure d’intervalle.
Le problème,
c’est qu’avec l’habitude, elle parvenait de moins en moins à
se faire vomir. Sa gorge était habituée à recevoir les chatouilles
de ses deux doigts et elle ne tirait plus au cœur. C’est pour
cette raison qu’elle avait du recourir à des objets plus longs,
comme des fourchettes ou des cuillères. Et la douleur de l’objet
métallique renforçait ce sentiment de punition qu’elle
s’infligeait malgré elle. Cette nouvelle pratique, le vomissement
systématique l’avait satisfaite sur tous les plans: elle pouvait
se remplir sans limites, elle était punie ensuite de tout ce mal
qu’elle sentait en elle, et enfin la technique avait été efficace
puisqu’en quelques mois, Aimée avait retrouvé la ligne. Elle
était devenue effectivement décorative d’un point de vue
plastique. Pourtant, le SGT gâchait l’aspect esthétique au niveau
auditif. Sans le son, elle était tout à fait présentable; mais
lorsque pendant une conversation elle se mettait à insulter ses
interlocuteurs, l’ambiance se refroidissait instantanément. Alors
elle avait appris des langues étrangères. Beaucoup de langues, afin
de brouiller les pistes. Elle parlait l’anglais, l’espagnol, le
russe, l’italien, le sanskrit et le japonais.
Pour masquer sa
maladie, elle avait mis au point un système: si une crise
apparaissait à un moment impromptu, elle se présentait comme
d’origine étrangère et un peu émotive. Avec ses reflets blonds
et son visage rond aux pommettes saillantes, le rôle de la russe
hystérique lui allait à merveille. Dès le début de la crise, elle
s’éloignait aussitôt; ce qui amusait les clients plutôt que de
les effrayer. Elle provoquait la pitié plutôt que la terreur.
Personne ne savait à quel point ces efforts étaient difficiles et
épuisants. Pour avoir « l’air normal », Aimée
dépensait une énergie colossale.
* * *
Malgré le
brouillard, ce matin-là, Aimée roulait un peu vite, toute à son
euphorie de son hypothétique départ. Les arbres défilaient de
chaque coté de la route, des bois de chênes, de bouleaux,
d’érables, de châtaigniers …
Quand elle
rencontra, en descendant vers la Vallée de la Marne, près de Nogent
l’Artaud, au détour d ‘un virage un peu raide, non pas un
gorille dans ces brumes automnales, mais une bête qui n’était pas
loin d’être aussi lourde.
Premier départ,
Aimée quittait pour la première fois celui qu’elle aimait.
Séparation violente, l’expédiant instantanément dans une autre
dimension.
Elle percuta un
énorme sanglier égaré sur la chaussée, et le voyage commença.
* * *
Le
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Je vous remercie de donner vie ce roman en le lisant, en l'imaginant dans vos esprits, à bientôt,
Maryline Durand.
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